Rapport de synthèse des travaux du « Sommet AfricTivistes », AfricTivistes, Novembre 2021

Rapport de synthèse des travaux du « Sommet AfricTivistes », AfricTivistes, Novembre 2021

Organisation : Africtivites

Type de publication : Rapport

Date de publication : Novembre 2021

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L’intégration effective des tic dans les politiques de développement en Afrique

Il a été démontré que l’Afrique a fait de grands progrès dans les TICs. Ainsi, nous pouvons dire que le continent est en bonne voie pour se développer. Plus de 3 milliards ont été investis dans le secteur des TICs en Afrique. Cependant des défis demeurent, ils sont d’ordre économique. Cela se traduit par un refus d’octroyer des prêts aux acteurs de ce secteur. Des pays comme la Côte d’Ivoire ont fait des bonds en avant. On peut noter comme avancées, la mise en place d’infrastructures, le développement des services numériques qui ont encouragé les innovations de la population. A côté de cela il faut noter l’inclusion financière, les réformes au plan institutionnel et juridique qui ont permis un meilleur encadrement des TICs.

Toutefois le défi du changement des mentalités doit être relevé, à travers la combinaison du développement avec le numérique. L’Instauration du projet E-Gouv, avec lequel, tous les sites internet sont interconnectés avec le gouvernement pour briser les barrières entre le gouvernement et les citoyens fait partie des innovations ayant vu le jour en Côte d’Ivoire. La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle a été mise en place avec pour mission de lutter contre la cyber-criminalité, gérer les transactions électroniques, etc. L’Etat s’est intéressé à la sécurité numérique en Côte d’Ivoire. Des défis demeurent malgré les avancées mais peuvent être relevés. Il a donc été proposé que soient mis en place des mécanismes permettant de mesurer la maturité numérique en Côte d’Ivoire.

Il y a beaucoup de progrès sur le continent en ce qui concerne le numérique. Il est donc inadmissible de voir certains pays arrêter leurs citoyens dans leur processus de création de richesse en bloquant par exemple la crypto-monnaie sous prétexte que cette monnaie soit utilisée par les terroristes

Trois (3) facteurs ont été évoqués comme nécessaires pour le développement du numérique en Afrique : La capabilité, l’opportunité et la motivation. La capabilité au niveau des gouvernants et des populations. En effet, chaque individu a droit à l’opportunité de changer les choses, car sans opportunités aucun progrès n’est possible. Au niveau de la motivation, l’accent a été mis sur l’inclusion financière.

Il y a beaucoup de progrès sur le continent en ce qui concerne le numérique. Il est donc inadmissible de voir certains pays arrêter leurs citoyens dans leur processus de création de richesse en bloquant par exemple la crypto-monnaie sous prétexte que cette monnaie soit utilisée par les terroristes. L’inclusion est un puissant moyen de lutte contre le terrorisme. Il faut donc inclure les femmes dans le processus de la bonne gouvernance d’internet. L’inclusion ne doit pas être juste une question de représentation mais une question stratégique. Nous ne pouvons plus chercher des solutions pour les problèmes africains en dehors du numérique. Il y a, à ce propos, une certaine dynamique dans le secteur privé et le secteur public.

Rôle et protection des blogueurs et journalistes dans l’écosystème de l’information en ligne

Un besoin de soutien institutionnel a été évoqué. En effet, il y a un déficit d’avocats pour la défense des journalistes et blogueurs. C’est le cas dans certaines régions comme le Sénégal qui n’a que 700 avocats pour tout le pays. Les patrons des journalistes ne doivent pas les laisser tomber dans les situations difficiles. Néanmoins, les journalistes et blogueurs ont la responsabilité de prendre soin d’eux-mêmes, de leur intégrité physique, leur santé mentale, et surtout leur santé financière qui demeure très importante dans tout ce qui est fait. La censure sociale est un problème qu’on ne peut mesurer mais qui existe. Il y a à côté de cela le facteur psychologique. La pression monte tous les jours et tout cela doit être maîtrisé. Le volet juridique n’est pas à occulter. L’incapacité à se défendre eux-mêmes et en réseau fragilise les journalistes et blogueurs. Au-delà de la nécessité de trouver les moyens de se défendre, les journalistes et blogueurs doivent se former. En tant que citoyens, ils sont redevables et responsables de ce qu’ils écrivent.

La gouvernance d’internet et la souveraineté numérique des Etats africains

La souveraineté numérique peut paraître utopique mais, le capital humain n’est pas vraiment une utopie. Avec elle, on aura la possibilité de faire changer les choses. On l’a déjà, mais cette masse critique, il faut que nous l’atteignons très rapidement. Il faut que nos décideurs deviennent de plus en plus des personnes qui comprennent les enjeux du numérique, les enjeux de la souveraineté. De nombreux pays dans la sous-région ouest africaine ont de nombreuses et disparates structures liées à la souveraineté. Mais les personnes au sein de ces organismes sont pour la plupart des fonctionnaires retraités, en fin de service qu’il faut récompenser politiquement. Il est vrai que nous voulons des administrateurs mais nous voulons des personnes qui comprennent et concourent à la question du capital humain qui reste la base pour pouvoir asseoir une souveraineté.

La souveraineté numérique devrait être définie comme le fait de ne pas dépendre totalement des autres. Former à l’alphabétisation numérique c’est trouver de nouveaux débouchés et ne pas rester dans cette posture attentiste où l’on attend de l’aide pour avancer. C’est en cela que réside l’économie numérique. Il est aussi impératif de traiter la question des difficultés à avoir une connexion de qualité avant même d’aborder le débat d’alphabétisation et d’inclusion. Les domaines prioritaires sur lesquels il faut tabler sont aussi liés au stockage qui est le plus important, ont fait remarquer certains intervenants. Nous n’avons pas les moyens de généraliser nos stockages sur toutes les données. Il faudra au bout d’un moment faire une analyse du cycle globale en définissant quels sont les types de données pour lesquelles nous voulons garder de manière exclusive la main. Cela passe par exemple par tout ce qui est communication publique, dont toutes les données à caractère personnel.

L’aspect financier apparaît important, car il permet de créer un changement considérable. Nous pouvons tout changer du jour au lendemain si nous en avons les moyens. À défaut, il nous faut regarder comment éduquer, alerter, sensibiliser. Comment surtout dans notre position d’AfricTivistes nous pouvons empêcher certaines actions de se faire. Parce que nous sommes comptables de certains choix pour au minimum 10 à 30 ans. Si nous investissons dans un data center et que c’est un mauvais choix, nous ne pouvons pas faire machine arrière pendant 10 ans. Cela pourrait accentuer le retard. Soit, nous pilotons les investissements avec le secteur privé, soit on empêche certains investissements de se faire. Les AfricTivistes à eux seuls ne peuvent pas faire changer les choses, il faut des choix courageux sur toute la chaîne de valeur.

La souveraineté numérique devrait être définie comme le fait de ne pas dépendre totalement des autres. Former à l’alphabétisation numérique c’est trouver de nouveaux débouchés et ne pas rester dans cette posture attentiste où l’on attend de l’aide pour avancer

Nous avons créé exactement le même schéma de colonisation dans le numérique. C’est-à-dire que nous avons accepté les contraintes, d’être en bas de la chaîne et d’assumer les erreurs. Le débat qu’on a dans la vraie vie est que l’Afrique est devenue la poubelle de l’électronique. Les vieilles voitures, les vieux ordinateurs lui sont refilés. C’est exactement le même schéma qu’on a ramené dans le domaine du numérique. Il est temps de prendre des décisions mais cela ramène à la question d’investissement. Au-delà de la vision et au-delà de la volonté. Un câble optique comme celui de OS2 qui représente un grand espoir d’une meilleure connectivité pour l’Afrique coûte 1 milliards d’euros d’investissements. Mais nous ne sommes pas capables d’en faire un projet pour nos administrations.

Il nous faut maîtriser les infrastructures et les ressources critiques telles que les câbles sous-marins. Il faudrait qu’on puisse développer une identité africaine sur nos propres câbles. Nous devons investir dans l’innovation pour que les jeunes puissent créer du matériel. Nous avons la possibilité de nous mettre ensemble pour créer des moteurs de recherches qui seraient typiquement africains avec le contenu africain, en langue africaine.

La société africaine : acteur clé dans la gouvernance d’internet

Le principal problème dans la quête de la légitimité de la société civile, c’est l’argent. En effet, la société civile africaine est accusée d’être financée par l’extérieur, ce qui semble lui arracher le droit de parler des défis réels de l’Afrique. Améliorer la gouvernance d’internet, nécessite de s’assurer que les voix usagers d’internet soient prises en compte. Les blogueurs en l’occurrence doivent se battre pour leurs droits. La société civile doit être là pour les citoyens, si elle ne veut pas être accusée d’être vendue. Elle doit être réaliste et combattre avec stratégie si elle n’est pas à même de payer les factures.

Nous devons investir dans l’innovation pour que les jeunes puissent créer du matériel. Nous avons la possibilité de nous mettre ensemble pour créer des moteurs de recherches qui seraient typiquement africains avec le contenu africain, en langue africaine

Il est important de trouver un commun accord sur les mesures qui sont souvent prises parfois avec les mêmes acteurs, parce qu’il y a constamment des difficultés à s’entendre sur les mesures. Internet ne doit pas être pris comme un fourre-tout, sinon nous en subirons tous les conséquences désastreuses. La société civile doit donc contribuer à faire la promotion des régulations liées au numérique. On ne doit pas tout attendre de l’État parce qu’il a mis ce qu’il estime être nécessaire en place et c’est à la société civile de vérifier et de faire des propositions.                                                 

Développement d’internet en Afrique : oser la transformation digitale

La montée du mobile Banking est une solution pour l’économie en Afrique. En dépit de tous les défauts qu’on peut trouver à l’Afrique, l’économie numérique peut connaître un essor sur le continent. Les grandes compagnies comme Facebook, sont des entreprises qui utilisent de la main d’œuvre dans des pays comme le Maroc. Cela démontre que les africains ont de la matière au même titre que les jeunes occidentaux. Il faut juste que les gouvernants africains numérisent leurs stratégies pour se mettre à jour. Il y a lieu d’adopter des plans pour notre système d’économie numérique. Tout ne passera pas par la richesse de nos sols et sous-sols mais aussi par notre capacité à réfléchir à comment créer le développement propre à l’Afrique. Et l’économie numérique est une opportunité.

La question des données est aussi importante. Si nous devons prendre des décisions sur la base des données et que nous ne parvenons pas à en créer, nous serons facilement manipulables et nos jugements pourraient être même erronés

Les occidentaux continueront de s’enrichir avec nos compétences numériques jusqu’à ce que nous commencions à créer du contenu propre à l’Afrique. Nos talents numériques doivent comprendre comment ils peuvent utiliser le numérique pour impulser le développement en Afrique. Il nous faut pouvoir créer nos plateformes numériques africaines pour ne pas être surpris au cas où celles qui appartiennent à l’occident disparaissent.

La question des données est aussi importante. Si nous devons prendre des décisions sur la base des données et que nous ne parvenons pas à en créer, nous serons facilement manipulables et nos jugements pourraient être même erronés.

Une bonne politique de protection des africains sur le numérique est impérative. Il faut bien réfléchir avant de se lancer dans les innovations numériques. Cela revient plus concrètement à mettre en place une structure pour protéger le marché.

 

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