D’où proviennent les inégalités en Côte d’Ivoire, AKA Bédia François et al, Septembre 2020

D’où proviennent les inégalités en Côte d’Ivoire, AKA Bédia François et al, Septembre 2020

Auteurs : AKA Bédia François, KAMALAN Angbonon Eugène, OUATTARA Yéfongnigui Arthur Constant, OUATTARA Nadjaman, N’DA Koffi Christian, DIALLO Arouna

Organisation affiliée : Agence Française du Développement

Type de publication : Etude

Date de publication : Septembre 2020

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Introduction

Les inégalités sont des différences entre les individus ou groupes sociaux se traduisant en avantages ou désavantages et créant une hiérarchie entre ces individus ou groupes. Ces différences permettant de les classer varient dans l’espace et dans le temps et sont inhérentes à la vie en société (Piketty, 2001). Elles ne concernent pas seulement les groupes en marge de la société, mais traversent la société dans son ensemble et peuvent être d’ordre économique (revenu, patrimoine), démographique (âge, sexe), culturel (religion, appartenance ethnique), politique (rapport au pouvoir) ou symbolique (prestige, honneur), etc.

Plusieurs études ont en effet montré que, tandis que les inégalités de revenu moyen entre pays ont été réduites sous l’effet du rattrapage des pays riches par certains pays émergents, les inégalités de revenu et de patrimoine à l’intérieur des pays ont augmenté depuis les années 1970.

82% des richesses créées dans le monde au cours de l’année 2017 ont bénéficié aux 1% les plus riches au monde, alors que 80% de la population mondiale vit dans les pays pauvres qui ne produisent que 20% du revenu mondial total (Oxfam, 2018)

A ces chiffres globaux s’ajoutent des tendances laissant transparaître des disparités dans la distribution des richesses à la fois entre différents pays , mais également au sein des communautés. En effet, 82% des richesses créées dans le monde au cours de l’année 2017 ont bénéficié aux 1% les plus riches au monde, alors que 80% de la population mondiale vit dans les pays pauvres qui ne produisent que 20% du revenu mondial total (Oxfam, 2018).

La montée des inégalités s’impose partout comme une préoccupation. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette problématique (Akindès, 2017). Dès lors, la réduction des inégalités apparaît comme une question cruciale dont la résolution doit passer nécessairement aujourd’hui par la multiplication et la diversification des travaux de recherche sur le sujet. Dans ce contexte, la question centrale au cœur de cette recherche peut se formuler ainsi : quels sont les facteurs explicatifs des inégalités en Côte d’Ivoire ?

Données et résultats économétriques

Cette section présente les données employées et les résultats des estimations. Nous utilisons les données des enquêtes sur le niveau de vie des ménages, de l’ENV2008 et de l’ENV2015, réalisées par l’Institut National de la Statistique (INS).

L’enquête de 2008 concerne un échantillon de 12 600 ménages et comprend aussi bien un volet qualitatif que quantitatif. Quant à l’enquête de 2015 , elle inclut 12 900 ménages.

En 2015, le nombre de ménages dirigés par une femme est négativement corrélé au revenu par tête, ce qui voudrait dire qu’il y a des inégalités dans la participation au marché du travail en Côte d’Ivoire. Le niveau d ’éducation est positivement corrélé au revenu par tête, ce qui indique que les personnes les plus éduquées perçoivent un revenu par tête plus élevé . L’âge est négativement corrélé au revenu par tête , ce qui signifie que l’augmentation de l’âge implique une baisse du revenu par tête.

Le statut professionnel est positivement corrélé au revenu par tête, ce qui veut dire qu’un individu qui travaille a la possibilité d’avoir un revenu plus élevé . La possession de terre est positivement corrélée au revenu par tête, ce qui signifie que le fait de posséder des terres agricoles permet d’avoir des revenus plus élevés .

Le type de logement, l’accès à l’électricité et à l’eau potable sont également positivement corrélés au revenu par tête, indiquant ainsi que l’accès à ces variables de bien -être permet d’avoir un revenu par tête plus élevé . Les disparités régionales sont déterminantes pour le revenu par tête. Ainsi, les ménages vivant dans les zones rurales ont un revenu par tête plus faible que ceux des zones urbaines.

Ces résultats indiquent que l’accès à l’eau potable et le niveau d’éducation affectent considérablement les inégalités de revenu en 2008 comme en 2015 en Côte d’Ivoire, sans changement significatif entre les deux années

En 2008, le nombre de ménages dirigés par une femme est positivement corrélé au revenu par tête, ce qui voudrait dire qu’il y avait peu d’inégalités dans la participation au marché du travail en Côte d’Ivoire.

Les disparités régionales sont déterminantes pour le revenu par tête. Ainsi, les ménages vivant dans les zones rurales ont un revenu par tête plus faible que ceux des zones urbaines.

Les facteurs expliquant la plus grande proportion de l’inégalité mesurée par le Gini sont en 2015 l’accès à l’eau potable (27,2%) , qui est le plus grand contributeur, l’éducation (21,3%) , le type de logement (16,58%) , le milieu de résidence urbain ou rural (12,8%) et le sexe (11,9%). Ils sont suivis par le statut professionnel (5,57%) et l’accès à l’électricité (3,69%). Le poids le plus faible est attribuable à un troisième groupe de contributeurs, l’âge et la possession de terre , qui ont donc des effets mineurs sur les inégalités.

En 2008 , le pourcentage inexpliqué d’inégalité est de 56,46%. Les facteurs expliquant la plus grande proportion d’inégalité mesurée par le Gini sont l’éducation (21,6%), l’accès à l’eau potable (21,3%), le milieu de résidence urbain ou rural (12,8%), le statut professionnel (11,4%), l’accès à l’électricité (10,15%) et le type de logement (9,18%). Ils sont suivis par le sexe (4,18%), l’accès à la terre (1,46%) et l’âge (0,28%).

Ces résultats indiquent que l’accès à l’eau potable et le niveau d’éducation affectent considérablement les inégalités de revenu en 2008 comme en 2015 en Côte d’Ivoire, sans changement significatif entre les deux années. Ces deux facteurs demeurent les contributeurs significatifs aux inégalités de revenu , auxquelles ils contribuent à hauteur de 48,5% à eux deux. L’inégalité d’accès à l’éducation et à l’eau potable, les disparités régionales et le type de logement ont un impact défavorable sur la répartition des revenus en Côte d’Ivoire.

 

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