À Bagoué, la fermeture des frontières terrestres a eu un impact sur l’activité économique

À Bagoué, la fermeture des frontières terrestres a eu un impact sur l’activité économique

Les entretiens de WATHI – Les régions de la Côte d’Ivoire – Série Covid-19 – Focus Bagoué

Diabate Bêh

Diabate Bêh est un ancien conseiller économique et social de la région de la Bagoué.

Extraits

Quelle est la situation sanitaire relative à la Covid-19 dans la région de la Bagoué?

La maladie n’est pas présente dans la zone mais les mesures prises par le gouvernement ont eu un impact considérable sur les populations. Bagoué n’a pas connu de cas de contamination. En revanche, on a noté 2 ou 3 cas à Korhogo et ils ont été évacués sur Abidjan. A Ferké, il n’y en a pas eu de cas de même qu’à Boundiali et à Ouangolo. Concernant le respect des mesures barrières notamment le port du masque, elles ne sont plus respectées par les familles. Elles disent que la maladie n’est pas présente sur leur territoire. Donc les gens n’en tiennent pas compte.

J’ai assisté aux funérailles du Premier ministre à Korhogo. J’ai été à Kouto, à Ferké, à Kong et à Ouangolo, il faut le dire ouvertement que les gestes barrières ne sont pas respectées dans nos zones. Cela s’explique sans doute par le fait que la maladie n’est pas présente dans la zone.

Quelles conséquences la pandémie a-t-elle-eu sur le plan économique au niveau local?

Au-delà de la maladie elle-même, les conséquences sur les populations sont considérables. Toutes les frontières étaient fermées y compris celles terrestres. Au nord du pays, il y a toujours eu des mouvements entre les populations locales et celles malienne, burkinabé et guinéenne. Lorsque les frontières terrestres ont été fermées, cela a joué énormément sur les activités économiques dans cette zone. Il y a aussi le fait qu’Abidjan était fermé et donc les zones du nord se sont senties isolées.

Les activités n’étaient plus comme avant, les populations se sont retrouvées dans une situation de précarité. Cette situation a poussé certains à contourner les frontières officielles.  A Odienné, les orpailleurs et les commerçants ont tenté de contourner les postes de sécurité. Quand les forces de l’ordre l’ont su, ils sont allés les intercepter et ils ont ouvert le feu.  Les commerçants ont riposté parce qu’ils veulent redémarrer leurs activités économiques.

L’impact de la pandémie ne se ressent pas seulement dans les grandes villes mais également dans les villages

Ils veulent vendre leurs marchandises et la situation actuelle de la COVID-19 ne le permet pas. Finalement, l’impact de la pandémie ne se ressent pas seulement dans les grandes villes mais également dans les villages. Les mesures prises ont donc empêché les populations de vaquer normalement à leurs occupations.

Comment jugez-vous le respect et l’efficacité des mesures prises pour lutter contre la pandémie? Est-ce que les mesures ont été efficaces au niveau de la région de la Bagoué?

La pandémie n’a pas atteint véritablement l’intérieur de la Côte d’Ivoire. La zone senoufo qui comprend Tingrela et la Bagoué n’a pas connu un seul cas de contamination. Les mesures prises par le gouvernement n’étaient pas respectées sur le terrain et jusqu’à présent, elles ne le sont. La seule chose que les gens ont tenté de respecter, c’était le couvre-feu. Mais les autres mesures n’ont jamais été respectées, parce qu’il n’y a pas eu de cas de contamination.

C’est vrai que des seaux ont été envoyé dans tous les villages pour le lavage des mains avec du gel hydro alcoolique, mais de mon point de vue, les populations n’ont jamais cru véritablement à cette affaire de pandémie.

Quelles leçons peut-on tirer de cette crise et quelles recommandations préconisez-vous?

La crise sanitaire a montré que les mesures prises par les différents états sont très difficiles à appliquer surtout dans nos différents pays.  Dans la région de la Bagoué, les mesures barrières sont difficiles à appliquer et socialement cela paraît difficile à mettre en œuvre. Il est difficile d’expliquer à nos parents que vous ne pouvez pas approcher un malade.

Des mesures telles que le confinement ne sont pas des choses faciles à appliquer en Afrique et particulièrement dans la région de la Bagoué, compte tenu de la configuration même de la population qui est majoritairement paysanne. Les gens, ils vont au champ et porter des masques au champ avec des dabas, des houes, cela semble impossible.

Il est difficile d’expliquer à nos parents que vous ne pouvez pas approcher un malade

Le lavage des mains par exemple est une recommandation à adopter en toute circonstance. Nous avons tout mis en œuvre pour sensibiliser sur l’importance du lavage des mains et que cela soit une réussite dans nos villages. C’est un élément positif.

En termes de recommandation, je préconise l’abandon du “confinement”. Il faut laisser les gens vaquer à leurs occupations. Nous devons nous habituer à vivre avec la maladie et peut être que nous allons développer des anticorps qui vont nous protéger de ce virus.

   

  

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