Á Bafing, la crise de la Covid-19 a fortement touché la population rurale

Á Bafing, la crise de la Covid-19 a fortement touché la population rurale

Les entretiens de WATHI – Les régions de la Côte d’Ivoire

Youssouf Touré

Youssouf Touré est le président au niveau départemental de la jeunesse rurale de Touba dans la région du Bafing

Quelle est la situation sanitaire relative à la Covid-19 dans votre région ? Est ce qu’il y a des cas avérés dans la région du Bafing ? Comment cela s’est passé sur le terrain et comment la population a vécu  cette crise ?

Comme vous le savez, la Covid-19 a impacté toutes les populations de la même manière, parce qu’aujourd’hui le monde est devenu un village planétaire. Concernant la région du Bafing, l’impact a été plus grand puisque les populations sont à 80-90% rurales. Du coup, dès que le lien entre la ville et le village est coupé, il va sans dire que des dégâts créés dans les ménages seront incommensurables.

En ce qui concerne des cas avérés de Covid-19 dans la région du Bafing, je les placerais sur le registre des rumeurs, parce que ce genre d’information non vérifiée a pratiquement touché toutes les villes de Côte d’Ivoire.

Dans la région du Bafing, il n’y a pas eu de cas avéré ou de cas officiellement déclaré. Concernant les mesures barrières, il faut dire qu’au début de la pandémie, comme un peu partout en Côte d’Ivoire, elles étaient respectées. Elles étaient  vraiment appliquées, la sensibilisation avait porté ses fruits. Mais, avec le relâchement constaté à Abidjan, les populations de l’intérieur se disent, s’il y a relâchement dans la capitale, il n’y a plus de problème.

Quand les mesures prises étaient appliquées à Abidjan, cela avait une influence sur  les villes de l’intérieur. Les gens disaient que « tout le monde est malade à Abidjan et que c’est là-bas où se trouvait la maladie ». Dès l’instant que les gens d’Abidjan ont commencé à se relâcher, les comportements ont changé dans les régions. 

Du point de vue économique, l’impact a été très grand surtout dans le monde rural car nos parents qui sont dans les villages comptent sur leurs enfants qui sont dans les villes. Les enfants partis à la ville n’ont pas pu envoyer de l’argent pour entretenir les champs et subvenir aux besoins des familles.

Les parents sont obligés de prendre leur mal en patience parce qu’ils savent les difficultés que rencontrent leurs enfants à Abidjan ou à l’intérieur du pays.  L’impact est plus grand dans les zones où les populations sont majoritairement agricoles et rurales.

Comment jugez-vous l’efficacité des dispositions prises au niveau de la région ? Est-ce que les mesures édictées communément appelées les mesures barrières ont été efficaces dans votre région ?

Je dirais que cela continue d’être efficace parce qu’il n’y a pas eu de cas avéré jusqu’à présent.  On peut considérer que c’est dû aux mesures barrières  même s’il y a un relâchement au niveau des mesures barrières. Il y a quelques structures de la place qui demandent le port du masque avant d’y accéder et également le lavage des mains.

Les écoles les appliquent et les lieux publics aussi, partout où vous irez, vous trouverez des seaux d’eau avec du savon et du gel hydro-alcoolique. Dans la mesure du possible, les mesures barrières sont vraiment appliquées autour de 35 à 40%.

Quelles leçons pouvez-vous tirer de cette crise  sanitaire ? Est ce que vous avez des recommandations à formuler pour une lutte plus efficace. ?

Cette pandémie a montré à quel point l’être humain est vulnérable face à un fléau d’une telle envergure. La principale recommandation que nous pouvons faire est le respect des mesures prises par nos autorités. Ce sont les mêmes, le respect des gestes barrières qui freinent la circulation de ce virus.

Nous demandons aussi aux autorités compétentes de ne pas attendre que l’occident nous dicte des mesures à appliquer. Il faut que l’autorité refuse de faire une politique de deux poids deux mesures, parce que cette maladie, certains sont convaincus qu’elle a été amenée en Côte d’Ivoire par les personnes des classes privilégiées qui voyagent dans le monde.

Quand en Europe, on a parlé de confinement, ils ont regagné le pays avec le virus. Si on avait mis en quarantaine ces voyageurs, nous n’aurions pas à déplorer 200 morts en Côte d’Ivoire. Donc, en termes de recommandations, nous proposons une application stricte des mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie.


Crédit photo : news.abidjan.net

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