Auteurs : Sassor Odile Purifine Aké-Tano, Daouda Doukouré, Abdul Dosso, Kouassi Augustin Akra, Yao Bernard Badie, Tania Bissouma-Ledjou, Dinard Kouassi, Akpa Raphaël Gbary
Organisation affiliée : Revue de santé publique
Type de Publication : Article
Date de publication : 2018
Lien vers le document original
*Wathinotes are excerpts from publications chosen by WATHI and conform to the original documents. The reports used for the development of the Wathinotes are selected by WATHI based on their relevance to the country context. All Wathinotes refer to original and integral publications that are not hosted by the WATHI website, and are intended to promote the reading of these documents, which are the result of the research work of academics and experts.
Introduction
En Côte d’Ivoire, l’insuffisance de Ressources Humaines pour la Santé (RHS) constitue une réelle préoccupation pour le Gouvernement. Bien qu’au plan quantitatif, des efforts aient été faits pour atteindre des ratios satisfaisants en 2014, à savoir 1 médecin pour 5 750 habitants, 1 infirmier pour2161habitants, 1 sage-femmepour1250 femmes en âge de procréer, l’on note toujours une faible densité des personnels en activité.
Cette insuffisance de RHS ainsi que leur mauvaise répartition contribuent négativement à la santé des mères et des enfants vivant en Côte d’Ivoire. En effet, le taux national de mortalité infanto-juvénile est de 108‰avec des taux plus élevés dans les régions où l’on enregistre une insuffisance de personnel telles que les régions du nord (209‰), du nord-ouest (185‰), et de l’ouest (145‰) tandis qu’à Abidjan, ce taux est de 97‰. Quant à la mortalité maternelle, elle s’est aggravée passant de 543 décès pour 100 000 naissances vivantes (NV) en 2005 à 614 en 2012.
Ces dernières années, le Gouvernement a mis en place des stratégies de recrutement, de déploiement et de fidélisation des RHS qui ont permis d’augmenter les effectifs des personnels de santé, mais ont eu peu d’effet sur leur fidélisation dans les zones défavorisées.
Résultats
Le milieu préféré d’exercice des enquêtés était le milieu urbain (49,1 %). Cette préférence était plus élevée pour les médecins (85,7 %) et moindre pour les SF (49,6 %) et les IDE (42,1 %).
Plus de la moitié des étudiants a vécu en milieu rural plus d’un an au cours des cinq dernières années, surtout les IDE (60,2 %) contre 42,1 % des SF et 39,1 % des médecins. Plus de la moitié (54,1 %) des étudiants préféreraient exercer en milieu urbain, surtout les médecins (83,9 %). Cette préférence était de 48,7 % chez les IDE et de 39,2 % chez les SF.
Effets des attributs d’emploi et des caractéristiques individuelles sur les préférences pour le poste en zone mal desservie
Les attributs les plus importants par ordre décroissant étaient chez les médecins la disponibilité d’eau potable et d’électricité, avec la connexion au téléphone et à internet, l’existence d’un transport régulier quotidien, la disponibilité d’un logement d’astreinte et la disponibilité d’une bourse d’étude totale après cinq ans d’engagement. Pour les sages-femmes, il s’agissait du rapprochement familial, la disponibilité de logement. Pour les infirmiers, ces attributs étaient l’existence d’un transport régulier quotidien, la disponibilité d’eau potable et l’électricité.
Impact des politiques incitatives
Chez les médecins, 33 % accepteraient un poste en zone mal desservie dans les conditions actuelles. L’amélioration du cadre de travail et la disponibilité d’un logement augmentaient cette proportion de 26 points (33 % à 59 %). L’ajout d’une incitation financière de 20 % du Traitement Salarial Actuel (TSA) à ce paquet, les majorait de 30 points (33 % à 63 %). Chez les infirmiers, ce sont 38 % qui opteraient d’aller en zone mal desservie dans les conditions de travail offertes actuellement.
Cette insuffisance de RHS ainsi que leur mauvaise répartition contribuent négativement à la santé des mères et des enfants vivant en Côte d’Ivoire. En effet, le taux national de mortalité infanto-juvénile est de 108‰avec des taux plus élevés dans les régions où l’on enregistre une insuffisance de personnel telles que les régions du nord (209‰), du nord-ouest (185‰), et de l’ouest (145‰) tandis qu’à Abidjan, ce taux est de 97‰. Quant à la mortalité maternelle, elle s’est aggravée passant de 543 décès pour 100 000 naissances vivantes (NV) en 2005 à 614 en 2012
La combinaison de l’amélioration du cadre de travail à la disponibilité d’un logement augmentait de 17 points la proportion initiale (38 % à 55 %). L’ajout d’une prime incitative de 20 % du TSA la majorait de 31 points (38 % à 69 %). Chez les sages-femmes, 41 % choisiraient de travailler en zone mal desservie dans les conditions de travail actuelles. Les mesures incluant le rapprochement familial, l’accès des enfants à une école et un logement d’astreinte augmentaient cette proportion de 41 % à 66 % soit de 25 points. Une prime incitative de 20 % du TSA faisait gagner 32 points (41 % à 73 %).
Chez les étudiants médecins, 50 % opteraient pour un poste en milieu mal desservi dans les conditions actuelles. Le scénario proposant simultanément une bourse d’étude couvrant la totalité de la scolarité après cinq ans d’engagement, une amélioration du cadre de vie et une prime incitative de 20 % du TSA augmentaient la proportion de 50 % à 81 %. Chez les étudiants infirmiers, 55 % accepteraient travailler en zone mal desservie dans les conditions actuelles.
Les politiques incluant l’amélioration du cadre de vie, la mise à disposition d’un logement d’astreinte et une structure sécurisée ainsi qu’une prime incitative de 20 % du TSA augmentaient la proportion de ceux qui choisiraient un poste en zone mal desservie, de 55 % à 87 %. En ce qui concerne les sages-femmes, 55 % accepteraient un poste en zone mal desservie dans les conditions de travail actuelles. Une amélioration du cadre de vie, de la sécurité de la structure, la disponibilité de logement et un bonus financier de 20 % du TSA permettrait d’attirer plus d’étudiantes sages-femmes vers le milieu mal desservi de 55 % à 85 %.
Les politiques incitatives
Parmi les différentes combinaisons de mesures incitatives, l’option incluant l’amélioration du cadre de travail (équipement sanitaire et sécurité de la structure), la mise à disposition d’un logement d’astreinte et une prime de 20 % du TSA et celle incluant l’existence de commodités essentielles telles que l’eau potable et l’électricité, la mise à disposition d’un logement d’astreinte plus une prime de 20 % du TSA constituaient les paquets d’incitatifs les plus pertinents pour l’ensemble des enquêtés. En effet, lorsque l’un ou l’autre de ces paquets est proposé, la proportion des personnels et étudiants favorables pour travailler ou rester en poste en zone mal desservie augmente de plus de la moitié.
Il convient de réaliser une étude du marché de travail afin de mieux comprendre la production et la mobilité des RHS. Elle permettra (i) d’identifier de manière quantitative et qualitative les politiques de formation, les stratégies de recrutement, de déploiement et de fidélisation des personnels de santé mises en place ces dernières années ; (ii) d’évaluer l’efficacité de la chaîne formation recrutement-déploiement-fidélisation des personnels de santé ; (iii) d’identifier les goulots d’étranglements ou d’inefficiences du processus de gestion des personnels de santé (de la production à la retraite) et (iv) d’analyser les capacités d’absorption du secteur santé des ressources humaines formées dans les différents corps de métier de la santé.
Conclusion
À travers l’étude des préférences des étudiants et des personnels des services de santé maternelle, néonatale et infantile, des mesures incitatives pertinentes pouvant assurer l’attraction et la fidélisation des personnels de santé dans les zones mal desservies en Côte d’Ivoire ont pu être identifiées.
Commenter