Système de santé post-Covid-19 dans les pays en developpement : le cas de la Côte d’Ivoire, Revue Internationale du Chercheur, Avril 2023

Système de santé post-Covid-19 dans les pays en developpement : le cas de la Côte d’Ivoire, Revue Internationale du Chercheur, Avril 2023

Auteurs : TAPE Bi Sehi Antoine, DIABIA Thomas Mathieu, KOUAME Kassi Joseph, ANOH Kouassi Paul 

Site de publication : Revue internationale du chercheur  

Type de publication : Article  

Date de publication : Avril 2023  

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par le WATHI et sont conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI en fonction de leur pertinence par rapport au contexte national. Toutes les Wathinotes renvoient à des publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées sur le site du WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, qui sont le résultat du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

Introduction

Selon le Groupe Banque Africaine de Développement (GBAD), la pandémie de Covid-19 a mis en évidence des déficits majeurs dans les systèmes de santé nationaux à travers l’Afrique et l’accès aux vaccins. Seuls 51 % des établissements de santé primaire en Afrique subsaharienne ont accès à des services d’eau, d’assainissement de base, et ne compte que 1,3 lit d’hôpital pour 1 000 personnes contre 2,1 en Amérique latine et 6,1 en Europe.

Toutefois, si les pays africains ont connu des succès précoces pour contenir la pandémie, celle-ci a illustré la rapidité avec laquelle les capacités de surveillance et les infrastructures de diagnostic de l’Afrique pouvaient être dépassées par une crise sanitaire (GBAD, 2021). De plus, selon (Lemsagued, 2023), cette pandémie à coronavirus a mis à nu les systèmes sanitaires défaillants dans de nombreux pays et les a plongés dans une triple crise, humaine, sociale et économique.

La Côte d’Ivoire, pour faire face à cette pandémie, a impliqué dans la lutte, tous les acteurs de son système de santé du niveau central à la périphérie sans oublier ses partenaires au développement (MSHPCMU, 2022). En dépit de ces efforts consentis, le Covid-19 a affecté durablement les populations et le système de santé ivoirien. Par ailleurs, malgré l’engagement de la couverture maladie universelle et les politiques de gratuité de soins, les dispositifs de réponse face aux menaces sanitaires de grande ampleur restent encore limiter en Côte d’Ivoire.

Systèmes de santé en Afrique et inégalité face aux soins

Les systèmes de santé des pays africains ont de tout temps été l’objet d’étude. Selon Jacquemot, l’organisation moderne des systèmes de santé en Afrique remonte de la période coloniale. Selon l’auteur, durant les premières décennies des indépendances, le modèle sanitaire colonial a été globalement reconduit. L’offre de soins en faveur des populations urbaines a été développée et les grands centres hospitaliers ont joué un rôle important tout en mobilisant l’essentiel des ressources. Toutefois, selon l’auteur, plus de 60% des dépenses dans la santé ont été consacrées à la construction des hôpitaux sans penser à leur équipement en matériels et en médicaments.

De fois, les frais de fonctionnement du centre hospitalo-universitaire étaient équivalents à l’ensemble des dépenses en soins de santé primaire de toute la population. Dans le même temps, la lutte contre les grandes endémies se poursuit avec le soutien financier des bailleurs de fonds. Pour l’auteur, il a toujours été plus facile de mobiliser des fonds extérieurs (publics ou privés) pour des programmes verticaux de type lutte contre le sida ou contre le paludisme, que pour venir en aide aux structures hospitalières publiques et aux populations dans les États africains.

Covid-19 et son impact sur l’économie

Les mesures d’atténuation de la diffusion rapide de la pandémie à coronavirus ont été mises en place dans presque tous les pays du monde. Toutefois, selon Heyer et Timbeau, ces mesures de confinement incitant les populations à limiter les interactions physiques ont provoqué une crise économique sans précédent en temps de paix. Les restrictions ont, en effet, contraint les dépenses des agents, les déplacements des travailleurs et les échanges entre pays.

Ce qui a provoqué un choc de demande qui s’est diffusé à l’ensemble du tissu productif mondial. Pour ces auteurs, cette situation a provoqué une diminution inédite de la demande et de l’offre qui ont pesé sur la croissance. Il en a résulté une forte dégradation du marché du travail, absorbée dans de nombreux pays, principalement par des mesures de chômage partiel, autrement dit par une socialisation des salaires.

Le système de santé ivoirien, un modèle évolutif

Héritier de la colonisation à l’instar des systèmes de santé des pays africains, le système de santé ivoirien se distingue en deux étapes. La première période, qui va de 1960 à 1978, est centrée autour de l’État providence avec la gratuité des soins curatifs, la centralisation et le règne absolu de la médecine moderne.

La seconde période va de 1978 à nos jours et est centrée autour du district sanitaire avec la fin de la gratuité des soins, la participation des ménages aux frais de santé, les soins préventifs, la décentralisation sanitaire, la reconnaissance de la médecine traditionnelle et l’élaboration de plans pour guider la pratique sanitaire. 

Le versant administratif, à son niveau central, il comprend le cabinet du Ministre, les directions et Services centraux, les programmes de santé, chargés de la définition de la politique, de l’appui et de la coordination globale de la santé. Au niveau intermédiaire, on retrouve des directions régionales de la santé qui ont une mission d’appui aux districts sanitaires pour la mise en œuvre de la politique sanitaire.

Le niveau périphérique est composé de districts sanitaires. Ils sont chargés de coordonner l’action sanitaire dépendant de leur ressort territorial et de fournir un support opérationnel et logistique aux services de santé. Le district sanitaire, unité opérationnelle du système de santé est subdivisé en aires sanitaires.

Moyens humains, force du système de santé ivoirien mais insuffisants

Les données disponibles concernant les ressources humaines ont tout le temps été celles des établissements publics. Resté pendant des décennies insuffisantes par rapport à la taille de la population ivoirienne, tous les ratios prestataires de soins/population ont connu une augmentation de 2019 à 2020 et les normes fixées pour chaque catégorie sont atteintes. Le ratio médecin prestataire de soins/population est de 1 médecin pour 7 121 habitants et 1 infirmier pour 2 121 habitants.  

Le ratio sage-femme prestataire de soins/Femme en Age de Procréer (FAP) est de 3,05 sage-femmes pour 3000 FAP en 2020, soit 1 sage-femme pour 984 FAP. Il est en hausse par rapport au ratio de 2019 qui était de 2,75 sage-femmes pour 3000 femmes en âge de procréer. Cependant, malgré cette amélioration, la densité du personnel médical par rapport à la population reste en déca de la norme OMS qui est de 23 professionnels (médecin, infirmier et sage-femme) de santé pour 10 000 habitants. Seul un seul district sanitaire a atteint cette norme de 23 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Il s’agit du district sanitaire de Jacqueville.

Impact du Covid-19 sur le système de santé et la population ivoirienne

Dans le contexte de la survenue de la crise sanitaire mondiale actuelle liée à la maladie à coronavirus, la Côte d’Ivoire disposait de capacités nationales à faire face à tout phénomène épidémique. Celles-ci ont été héritées de la gestion de la crise à la maladie Ébola qui a sévi en Afrique de l’Ouest et du Centre. 

Au sortir de cette crise, l’état de préparation était caractérisé par l’existence de mécanismes et instruments de gestion des épidémies tels que le Centre des Opérations d’Urgences de Santé Publique opérationnel pour mieux gérer le risque de contraction et de propagation de la maladie. En outre il y avait également un partenariat existant dans la lutte contre les épidémies et un Service des Maladies Infectieuses et tropicales logé au Centre Hospitalier Universitaire équipé pour accueillir les premiers cas confirmés.  

A cela s’ajoute le laboratoire de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. Il est capable de faire des examens, la disponibilité d’intrants pour effectuer les différents tests, des équipes d’intervention rapide formées pour détection des cas suspects et le suivi des cas confirmés ainsi qu’un incinérateur fonctionnel de grande capacité renforcé. Concernant le Covid-19, la riposte a été organisée autour de quatre grands domaines.

la gestion de la Covid-19 a nécessité, dès les premiers moments, un apprentissage par la production continue des connaissances relatives aux paramètres de l’épidémie. De plus, la peur du personnel médical inadapté à la maladie à coronavirus à l’idée de contracter la maladie, l’incapacité de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire à juguler seul le nombre très élevé des cas, l’incapacité des établissements sanitaires ainsi que le manque de vaccin ont sapé le moral des populations et des autorités sanitaires.

Cela a accentué les réserves des populations vis-à-vis, non seulement du système de santé de leur pays, mais également à l’égard des centres précaires et spontanées de diagnostiques et de traitement des cas de Covid-19 implantés dans la ville d’Abidjan.

 

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