Auteur : SECO – Secrétariat d’État à l’économie
Site de publication : SECO
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juin 2024
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Situation économique
L’économie de la Côte d’Ivoire continue d’afficher de bonnes performances grâce à la forte dynamique confirmée depuis plus d’une décennie, avec une croissance du PIB réel de 8,2 % en moyenne sur la période 2012-2019. Même après le choc de la pandémie de Covid-19, la Côte d’Ivoire a fait preuve de résilience, avec une croissance positive de 2 % en 2020 et de 7.1 % en 2021. En dépit du second choc lié à l’invasion russe en Ukraine, l’économie ivoirienne a pu maintenir une croissance de 6,9 % en 2022 et de 6.5 % en 2023. Selon le FMI, la Côte d’Ivoire maintiendra un taux de croissance de l’ordre de 7% (taux tendanciel de moyen terme) en 2024. L’inflation a continué sa tendance à la baisse depuis 2 années : 5,6 % en 2021 à 5.2 % puis 4,4 % en 2023. Selon les dernières prévisions, elle s’établirait à 3.8 % en 2024.
En termes de finances publiques, le déficit budgétaire a été réduit à 5,2% en 2023 contre 6,8% du PIB en 2022, ce qui dépasse toutefois la norme communautaire de 3% fixée par l’UEMOA. La Côte d’Ivoire enregistre en même temps une augmentation de la dette publique sur la période 2019 – 2023, atteignant un ratio de dette/PIB de 58% fin 2023, qui reste toutefois en dessous du maximum de 70% défini par les critères de convergence de l’UEMOA.
L’augmentation de la dette ne semble pas préoccuper particulièrement le gouvernement, car elle reflète les investissements publics des ‘Plans nationaux de développement’ PND 2016- 2020 et PND 2021-2025, qui accompagnent les performances macroéconomiques du pays et une certaine stabilité politique. Toutefois, il faut noter que le service de la dette par rapport aux recettes fiscales est en hausse de 68% (septembre 2023), ce qui constitue une situation à surveiller à court et moyen terme. Pour cette raison, l’année 2024 a été ajustée pour améliorer l’efficacité fiscale et contrôler les dépenses. Le gouvernement a dû prendre des mesures impopulaires en 2023, telles que la réduction et la suppression des subventions aux produits alimentaires et aux carburants, introduites en 2022, ou l’augmentation de 10 % du prix de l’électricité en 2024, afin de maintenir un certain équilibre budgétaire.
Développements de la politique économique
Les actions du gouvernement en 2023-2024 se sont fondamentalement concentrées sur le PND 2021-2025, le gouvernement continuant à mener des actions pour accélérer la transformation structurelle de l’économie, comme plusieurs projets d’appui au développement du secteur privé, mais aussi pour réduire la pauvreté et stimuler l’investissement à l’horizon 2025. Le PND est évalué à un total de 59 000 milliards de francs CFA (90 milliards de francs suisses), dont 74% proviendraient des investissements du secteur privé. Des efforts conséquents de sécurité et de développement communautaire ont aussi été fournis au nord ainsi que dans le domaine social partout dans le pays, particulièrement dans la santé et l’éducation.
De plus, des grands projets d’infrastructures ont continué en 2023 et 2024 et d’importants investissements ont été réalisés à Abidjan et dans d’autres villes du pays. L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui s’est déroulée du 13 janvier au 11 février 2024, a également été au cœur de la politique gouvernementale durant la période sous revue. En effet, cet événement a été un grand succès pour le gouvernement actuel, car au-delà d’avoir remporté la compétition, la CAN a été qualifiée comme la meilleure jamais organisée en raison de la qualité des infrastructures, de l’organisation quasi irréprochable et du haut niveau de sécurité qui ont également contribué à véhiculer une image moderne et performante du pays. Cela a toutefois coûté très cher à la Côte d’Ivoire et actuellement le Syndicat national des fournisseurs de l’État de Côte d’Ivoire (Synafeci) se plaint d’impayés à hauteur de 1.2 milliards CHF.
Les efforts pour améliorer les infrastructures de base comme l’accès à l’électricité et à l’eau (élément aussi clé pour la production industrielle) sont primordiaux. Selon la Banque mondiale, après la crise post-électorale de 2011, seulement 34% de la population avait accès à l’électricité, alors qu’en 2022, 94.5% des Ivoiriens vivant en zone urbaine sont connectés au réseau, contre 43.1% en milieu rural. En effet, en décidant de privatiser une partie de son secteur électrique, la Côte d’Ivoire a réussi à développer l’une des meilleures capacités de production du continent en 20 ans, en utilisant également une énergie plus propre.
Politique et priorités du pays hôte
Avec un PIB de 86,11 milliards de dollars projeté par le FMI pour 2024, la Côte d’Ivoire conserve sa place de deuxième économie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), derrière le Nigéria, et de première économie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Au niveau continental, la Côte d’Ivoire se situe au 9ème rang, juste devant la Tanzanie et derrière l’Angola.
La Côte d’Ivoire a conclu un accord de partenariat économique (APE) bilatéral avec l’UE après l’échec des négociations d’un APE régional entre la CEDEAO et l’UE, principalement dû à l’opposition du Nigéria. Ratifié en août 2021, cet APE intérimaire prévoit que l’UE ouvre totalement son marché et que la Côte d’Ivoire réduise progressivement ses droits de douane sur les importations européennes de 75 % sur une période de 20 ans. En avril 2024, la troisième phase de l’abolition progressive des tarifs douaniers a été lancée, ce qui portera le nombre de lignes tarifaires traités de 2’305 à 3’385 sur un total prévu de 5’600.
Commerce de marchandises
En 2023, selon les estimations de l’Office fédéral de la douane, la Suisse et la Côte d’Ivoire ont échangé pour 1.79 milliards de CHF alors que les deux pays avaient échangé pour 1.41 milliards en 2022. Les importations en Suisse ont augmenté de 26 % en 2023 et s’élèvent à 1’74 milliards de CHF. Les exportations vers la Côte d’Ivoire ont augmenté de 30.4% et représentent 46.5 millions de CHF.
Le chiffre précité des importations suisses de 1’74 milliards de CHF se réduit à 47 millions de CHF si on exclut l’or. Ces 47 millions sont notamment constitués de 13.6 millions de cacao (+ 35% par rapport à l’année 2022), 12.2 millions de noix et fruits comestibles (dont noix de cajou), 10.7 millions de graisses végétales et animales et 7.8 millions d’hydrocarbures. A noter que les importations de cacao ivoirien en Suisse sont en réalité bien plus élevées car une grande partie transite par les Pays-Bas, le pays vers lequel la Côte d’Ivoire exporte le plus, ou par la Belgique.
Investissements bilatéraux
La Suisse jouit d’une forte présence en Côte d’Ivoire avec plus d’une quarantaine d’entreprises présentes sur l’ensemble du territoire, dont plusieurs grandes entreprises (MSC, SGS, Nestlé, Roche, Novartis, Holcim et Bühler). Parmi les développements récents des entreprises suisses en Côte d’Ivoire, on peut mentionner : SICPA a conclu en mai 2024 un accord avec le Ministère du Commerce et de l’Industrie pour mettre en place un système de traçabilité des paquets de cigarettes devant permettre de lutter contre le trafic illicite et de mieux ’encaisser les taxes sur le tabac.
Roche envisage d’implanter sa branche Roche Diagnostics en Côte d’Ivoire. Bühler renforce sa présence dans la transformation du cacao avec la livraison en avril 2024 de deux torréfacteurs haute performance (pour mémoire Bühler avait vendu en octobre 2022 pour 25 millions de CHF d’équipements de transformation de cacao). A l’inverse, SwissRe vient tout juste d’annoncer qu’elle fermait son bureau de représentation à Abidjan. Les raisons de cette décision ne nous sont pas connues.
Intérêt du pays hôte pour la Suisse
En termes d’éducation et de recherche, la Suisse est perçue très favorablement et a une carte additionnelle à jouer. De manière générale, les étudiants et chercheurs ivoiriens sont intéressés à mener des recherches en Suisse étant donné nos infrastructures et capacités d’innovation. Le gouvernement ivoirien porte d’ailleurs beaucoup d’intérêt aux systèmes d’éducation et de formation professionnelle suisses.
L’octroi des bourses d’excellence de la Confédération, les programmes bilatéraux et régionaux développés par plusieurs universités suisses, tels que l’EPFL et le Swiss TPH, la renommée du Centre Suisse de la Recherche Scientifique (CSRS) ainsi que d’autres partenariats entre hautes écoles suisses et ivoiriennes contribuent à donner une image de relief à la Suisse. Concernant la formation professionnelle, un projet de formation des formateurs ivoiriens en menuiserie a été développé entre l’école jurassienne du bois et le Ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
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