Auteur : Amany Elysée Etien
Organisations affiliées : Observatoire de la Francophonie Économique, Université de Montréal
Site de publication : ofe.umontreal.ca
Type de publication : Documents de recherche
Date de publication : Août 2020
*Wathinotes are excerpts from publications chosen by WATHI and conform to the original documents. The reports used for the development of the Wathinotes are selected by WATHI based on their relevance to the country context. All Wathinotes refer to original and integral publications that are not hosted by the WATHI website, and are intended to promote the reading of these documents, which are the result of the research work of academics and experts.
Introduction
La conception et la mise en œuvre de la politique nationale de santé est guidée par les données socioéconomiques. Depuis les années 1960, plusieurs investissements publics ont été réalisés dans le secteur de la santé. Il s’agit d’une part de la création des centres hospitaliers universitaires (CHU) et des centres de santé communautaire, de la formation et de recrutement du personnel médical et paramédical.
En 2015, les statistiques du ministère de la santé et de l’hygiène publique (MSHP) montrent clairement une sous-utilisation des principaux services offerts dans les districts sanitaires et cela à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Le taux de fréquentation des centres de santé stagne. Il atteint difficilement la barre des 30%.
Les populations des régions du nord sont celles qui fréquentent de moins en moins les structures sanitaires formelles. A cela s’ajoutent les contrastes entre zones rurales et zones urbaines.
Le système hospitalier ivoirien
En Côte d’Ivoire, le système de santé est caractérisé par un secteur public fort face à un secteur privé qui se développe progressivement. Cependant, l’offre de soins de santé dans le secteur privé souffre d’une anarchie latente. Selon le répertoire des structures sanitaires, 60% des établissements privés de soins n’ont aucune autorisation d’ouverture du MSHP mais participent à l’offre de soins.
Les populations des régions du nord sont celles qui fréquentent de moins en moins les structures sanitaires formelles. A cela s’ajoutent les contrastes entre zones rurales et zones urbaines
Le système public d’offre de soins ivoirien est organisé sous forme pyramidale à trois niveaux. Le niveau tertiaire de la pyramide regroupe tous les établissements publics nationaux qui exercent dans le secteur de la santé. Les plus connues sont les CHU et les hôpitaux nationaux spécialisés (HNS). Dans le cadre de la décentralisation sanitaire, l’ensemble du territoire est divisé en 20 régions sanitaires. Au sein de chaque région, on trouve les centres hospitaliers régionaux (CHR). Les CHR délivrent des soins de santé primaires mais également des soins de médecine spécialisée. Les hôpitaux généraux (HG) sont la deuxième forme d’institution sanitaire de niveau intermédiaire avec les CHR. Au bas de la pyramide, se trouvent les établissements sanitaires de premier contact (ESPC). Ce sont les formations sanitaires urbaines (FSU), les centres de santé urbains (CSU), et les centres de santé ruraux (CSR).
En 2015, on recensait 1 964 structures de santé de 3ème niveau ; 101 structures de santé de 2ème niveau et 13 structures de santé de niveau 1 dont 4 CHU. Les ressources humaines de santé sont de diverses compétences. En 2014, on comptait 23 999 agents prestataires de soins avec 3 943 médecins, 359 chirurgiens-dentistes et 736 pharmaciens.
Les consultations et les hospitalisations représentent les principales activités des centres hospitaliers. De 2009 à 2015, les HR ont effectué en moyenne 1 859 750 consultations et 693 741 hospitalisations dont 24% en admission. Globalement, les services sont sous-utilisés puisqu’en moyenne, 6 lits sur dix ne sont pas occupés.
L’accessibilité géographique est un jugement porté sur la disponibilité des hôpitaux, leur répartition sur le territoire et la facilité avec laquelle les populations y accèdent. Le niveau secondaire du système d’offre de soins dispose de 84 HG et 17 CHR pour une population estimée à 23 250 385 habitants (MSHP, 2016). Le ratio est de 1 HR pour 230 202 habitants, loin de la norme de l’OMS (1/150 000 habitants).
Les consultations et les hospitalisations représentent les principales activités des centres hospitaliers. De 2009 à 2015, les HR ont effectué en moyenne 1 859 750 consultations et 693 741 hospitalisations dont 24% en admission. Globalement, les services sont sous-utilisés puisqu’en moyenne, 6 lits sur dix ne sont pas occupés
Quatre personnes sur dix renoncent aux soins parce qu’il n’y a pas de moyen de locomotion pour se rendre dans les hôpitaux publics. 52,8% des ménages doivent parcourir au moins 5 km pour recevoir des soins.
De 6,8% en 2002, la part des dépenses de santé dans la dépense totale des ménages ivoiriens était estimée en 2015 à 2% soit 10 814 FCFA. Les dépenses de santé ne cessent de baisser au fil des années en raison de la pauvreté grandissante surtout dans les zones urbaines.
Le paiement direct de soins accroît le renoncement aux soins médicaux. Pourtant, seulement 4% de la population bénéficie un système d’assurance selon les comptes nationaux de la santé (2008). La majorité de la population est de ce fait exclue (les populations en milieu rural et les travailleurs du secteur informel) pour des raisons économiques. Elle se tourne vers les pratiques de santé informelles (automédication traditionnelle ou moderne) et risquées (médicament de la rue, décoction d’origine douteuse).
Quatre personnes sur dix renoncent aux soins parce qu’il n’y a pas de moyen de locomotion pour se rendre dans les hôpitaux publics. 52,8% des ménages doivent parcourir au moins 5 km pour recevoir des soins
Les raisons économiques les plus fréquemment citées pour renoncement aux soins sont le coût de la consultation et le coût du trajet. Il est donc urgent d’entreprendre des actions en faveur d’une couverture universelle en matière de santé.
L’amélioration de l’accès aux soins passe dans un premier temps par l’instauration d’un système de tarification des soins hospitaliers clair, uniforme et adapté. Ce système transitoire devra céder sa place ensuite au système de mutualisation des soins prôné par les autorités dont l’objectif est de permette un égal accès aux soins.
Commenter