Auteur(s) : GBADI K. BRIGITH
Organisation affiliée : National Democratic Institute
Type de Publication : Étude
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
L’analyse de la situation de la femme en politique et dans la gestion des affaires publiques en Côte d’Ivoire montre que les femmes sont sous-représentées dans la plupart des structures et institutions. les acteurs de développement ont initié plusieurs actions et stratégies mais la situation s’est aggravée avec les différentes crises politiques qu’a connues le pays.
Le NDI souligne que la violence contre les femmes en politique a trois caractéristiques particulières :
- Elle cible les femmes en raison de leur sexe ;
- Dans sa forme même, la violence peut être sexuée, comme en témoignent les
menaces sexistes et la violence sexuelle ;
- Son impact est le découragement des femmes à être ou à devenir politiquement actives.
Ces actes, qu’ils s’adressent aux femmes en tant que responsables politiques ou civiques, électrices, membres des partis politiques, candidates, représentantes élues ou aux fonctionnaires nommées, sont conçus pour restreindre la participation politique des femmes en tant que groupe. Cette violence renforce les stéréotypes traditionnels et les rôles donnés aux femmes, en utilisant la domination et le contrôle pour exclure les femmes de la politique
Ce qui est commun à toutes les expériences documentées, ce sont les répercussions sur la capacité et la volonté des femmes à participer à la vie publique. Les manifestations de la violence envers les femmes politiquement actives sont classées en plusieurs catégories communes : psychologiques, physiques, sexuelles et économiques.
Il n’existe pas de loi globale sur les violences faites aux femmes.
Les articles 35, 36 et 37 réaffirment l’engagement de l’Etat de Côte d’Ivoire à instaurer les conditions de l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et à l’emploi. Des témoignages de femmes élues lors du lancement de l’étude montrent que la femme continue de faire l’objet de harcèlement sexuel parce qu’elle veut avoir une position dans son parti ou sur la scène politique nationale.
« Moi, mon cas est vraiment humiliant, le secrétaire avait sa copine et voulait que ce soit elle. Il me dit donc :
-Tu veux être responsable de section, on couche ensemble (on fait l’amour).
-Vous me proposez donc de coucher avec vous ?
-Oui, tu veux faire la politique non ! » Une participante
En effet, les femmes ivoiriennes, qui représentent près de la moitié des populations n’ont pas rapidement intégré le milieu de gestion des affaires publiques. Ce n’est que lors du dixième gouvernement, en 1976, que la première femme (Jeanne Gervais) fit son entrée dans la gestion des affaires publiques.
Depuis l’indépendance et à ce jour, la proportion de femmes dans les différents gouvernements n’a jamais dépassé 22% malgré l’engagement de l’Etat à s’aligner sur les instruments régionaux et internationaux tels que les mécanismes de suivi de la prise en compte des besoins des femmes. L’Etat de Côte d’Ivoire a ratifié plusieurs mesures en faveur de la femme.
Les partis où les femmes sont présidentes sont généralement ceux créés par ces femmes elles-mêmes. Les postes de vice-président et de secrétaire général sont quasiment toujours confiés aux hommes tandis que les femmes sont reléguées aux postes de présidentes des femmes ou à simplement faire partie des opérations de mobilisation.
Depuis l’indépendance et à ce jour, la proportion de femmes dans les différents gouvernements n’a jamais dépassé 22%
Les six (06) partis politiques rencontrés reconnaissent le rôle important de la femme dans la vie politique surtout lors des scrutins en tant qu’électrice mais aussi en tant qu’agent de mobilisation. Les femmes représentent, généralement près de 60% des militants à la base. Ne disposant pas de base de données, les partis n’ont souvent pas d’éléments objectifs pour mesurer la représentativité des femmes.
Notons que le faible taux de représentation des femmes se justifie par diverses causes au niveau institutionnel, socio-culturel et individuel. Le taux d’alphabétisation s’élève à 53,3% chez les hommes contre 36,3% chez les femmes. Ces données viennent illustrer le faible niveau d’éducation des militantes à la base qui réalisent à leur fort dépendant qu’elles ne peuvent pas briguer des postes de prise de décision dans les partis et dans les espaces publics de façon générale.
« Entre nous, ce n’est pas toujours le miel, les hommes combattent les candidatures des femmes ; … ce n’est pas le parti qui donne le mot d’ordre mais ce sont les hommes qui pensent que la politique est leur affaire ». Participante
La société permet une « normalisation » de la violence en général et de la violence contre les femmes en particulier. Cela peut inclure ce que l’on sait en général de la violence contre les femmes en politique et si elle est socialement reconnue et acceptable. Cette absence de moyens financiers amène beaucoup de femmes à renoncer à leur ambition politique car elles doivent trouver elles-mêmes des moyens pour conduire leurs campagnes si elles veulent briguer un poste électif.
L’absence de représentation égale des femmes et des hommes dans le processus de prise de décision politique est une violation du droit fondamental à l’égalité hommes/femmes au regard de la constitution ivoirienne qui prône l’égalité et des conventions internationales ratifiées par l’Etat de Côte d’Ivoire. L’étude permet de noter « une forme d’acceptation des violences » chez les femmes qui pensent se battre pour entrer dans un milieu protégé et réservé pour et par les hommes.
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