Auteur : Christian Jules BOGA
Site de publication : Hal open science
Type de publication : Article
Date de publication : Mai 2022
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Introduction
En Côte d’Ivoire, comme c’est le cas dans la plupart des pays africains, les jeunes sont considérés comme des personnes qui se désintéressent de la politique et des activités associatives ou des fauteurs de troubles. En effet, selon les statistiques de l’enquête Gouvernance, Paix et Sécurité réalisée par l’Institut national de la statistique, le taux de participation des jeunes (18-34 ans) aux dernières élections présidentielles de 2015 reste faible (33,7 %), contre 66,3 % chez les plus de 35 ans, bien qu’en augmentation de 9 points de pourcentage par rapport à 2010. Il est de 20,3 % chez les jeunes de moins de 25 ans, associé à une faible participation aux associations et partis politiques (2,3 %).
La participation citoyenne des jeunes reste une préoccupation pour la Côte d’Ivoire. Nonobstant les différentes sensibilisations à leur endroit et la mise en place par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) de la plateforme d’autonomisation des organisations de la Jeunesse, force est de constater que les jeunes peinent à s’organiser et à influer sur les prises de décisions, même celles qui les concernent directement.
La participation citoyenne : un concept à multiples facettes
La participation, au sens général, est un concept relativement simple qui met en avant l’idée d’action concrète. Elle signifie prendre part à quelque chose, et est utilisée de façon interchangeable avec engagement, implication, partenariat, coproduction. Quant à la citoyenneté, elle signifie qu’on appartient à un espace commun, à une communauté politique.
La citoyenneté active est un processus par lequel un citoyen ou une citoyenne s’intègre à la communauté, développe son identité tout en contribuant au développement de la collectivité (Jansen et al., 2006). « L’engagement civique » correspond à l’ensemble des pratiques par lesquelles une personne s’implique et développe des liens au sein de la communauté.
Martyn et Dimitra (2019) font la différence entre engagement participatif et non participatif. Pour eux, tous les engagements ne se manifestent pas toujours par un comportement participatif. Il est tout à fait possible de s’intéresser à des questions politiques ou civiques, d’en avoir des connaissances, des opinions ou des sentiments, sans pour autant agir. En d’autres termes, les individus peuvent être engagés sur le plan cognitif ou affectif sans être engagés sur le plan comportemental.
Les déterminants environnementaux ou institutionnels
Plusieurs variables dites déterminants institutionnels de la participation citoyenne ou les variables environnementales ou psychologiques sont mobilisées dans la littérature. Elles portent sur la densité et les effets d’agglomération, la lecture des journaux, l’école, l’exemple des parents.
Le contexte institutionnel, à savoir l’organisation des élections, et/ou l’environnement institutionnel, le manque d’information ont aussi des effets sur le processus de participation citoyenne. En effet, dans son étude de la ville de Toronto relativement aux élections, Rohner et Collier précisent que le taux de participation particulièrement élevé en 1997 était le résultat d’une méga campagne électorale. Plus on est informé sur un processus, plus on y participe.
Les caractéristiques sociodémographiques
Les caractéristiques sociodémographiques, ou les variables individuelles comprennent des variables telles que l’éducation, l’âge, le revenu et le sexe. Ces variables expliquent régulièrement de nombreuses variations dans des formes de participation politique telles que le vote ou l’adhésion à des associations bénévoles.
Des études sur le choix du vote utilisent comme déterminants les variables explicatives de la participation politique et des variables supplémentaires telles que la « race » (ou le groupe ethnique), les caractéristiques des candidats, les évaluations rétrospectives des performances des titulaires, les conditions économiques nationales.
Perception de la démocratie
La démocratie étant un système politique, nous analysons la participation démocratique, des jeunes et des adultes. Le graphique 1 montre l’appréciation du respect des valeurs fondamentales de la démocratie selon l’âge et le milieu de résidence. Si les jeunes comme les adultes ont une perception commune du respect de certaines valeurs fondamentales de la démocratie, comme la liberté d’expression (60 %), la liberté de la presse (62 %) et l’égalité devant la loi (56 %), peu importe les différents milieux de résidences (Abidjan, reste urbain et rural), on note une légère différence (non toujours significative) de perception entre les deux groupes d’âges pour ce qui est des élections libres et transparentes et de la liberté politique.
En effet, chez les jeunes en zone urbaine, 71,6 % sont d’avis que chacun est libre de choisir d’adhérer à un parti politique, contre 73,2 % chez les plus de 35 ans. 53,7 % des jeunes pensent que les élections sont libres et transparentes à Abidjan, quand chez les adultes, c’est 54,6 % de la population qui le soutiennent.
La participation politique
L’engagement politique en Côte d’Ivoire se cristallise généralement autour de la participation aux élections, dont l’un des aspects importants demeure l’inscription sur les listes électorales. Le rapport à la politique, perçu à travers l’appartenance à un parti politique, le fait de participer aux associations politiques, et le fait d’être proche d’un parti politique, sont néanmoins tout aussi importants dans l’analyse de la participation politique.
Lors des enquêtes Gouvernance Paix et Sécurité réalisées par l’INS en 2015 et 2017, les populations se sont prononcées sur leur participation aux élections présidentielles générales de 2010 et 2015. En 2010, le taux de participation au premier tour des élections s’élevait à 83,5%, avec un score de 66,2 % chez les moins de 25 ans, 89,6 % chez les 36 à 45 ans et 94,9 % chez les plus de 56 ans.
A ce fait, s’ajoute la perception qu’ont les jeunes du vote. Pour ceux qui n’ont pas voté, 4,7 % des jeunes de 18 à 24 ans pensent que voter ne sert à rien. Le pourcentage de ceux pour qui voter ne sert à rien monte à 10,3 % et à 11,3 % chez les personnes de 25 à 34 ans et les adultes de 35 à 44 ans respectivement. Il baisse chez les plus de 55 ans (9,6 %).
L’autre élément de la participation politique est l’adhésion à un parti politique ou le fait d’en être un sympathisant. À ce niveau, on observe encore une faible participation des jeunes aux activités politiques (graphique 2) : 1,6 % chez les 18-24 ans et 3 % chez les 25-34 ans. Ces proportions sont un peu plus du double et du triple chez les 35-44 ans (4,1 %) et les plus de 55 ans (5 %).
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