Auteur : Centre de développement de l’OCDE
Organisation affiliée: OCDE
Type de Publication : Rapport
Date de publication : 2017
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Depuis la fin de la crise post-électorale de 2011, la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance économique robuste mais qui ne s’est pas accompagnée d’une augmentation significative du bien-être de la population (OCDE, 2016). À cet égard, la situation des jeunes préoccupe tout particulièrement, compte tenu de leur poids démographique considérable. En 2015, les jeunes âgés de 15 à 29 ans représentent un peu plus du quart (27.8 %) de la population totale du pays, une proportion qui devrait rester relativement stable au moins jusqu’en 2050 selon les projections (ONU DAES, 2015).
Malgré la volonté politique affichée, la Côte d’Ivoire a souffert de l’absence d’une stratégie globale adressant les multiples défis rencontrés par la jeunesse. Néanmoins, des efforts ont été déployés et des progrès réalisés, surtout à la sortie de la crise politico-militaire qui a secoué le pays la décennie passée, au niveau sectoriel dans des domaines spécifiques tels que la santé sexuelle et reproductive, l’éducation et la formation professionnelle, l’emploi, et la participation civique et citoyenne.
Depuis la fin de la crise post-électorale de 2011, la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance économique robuste mais qui ne s’est pas accompagnée d’une augmentation significative du bien-être de la population
C’est dans le domaine de l’emploi que les programmes destinés aux jeunes ont été les plus abondants et ont donné les meilleurs résultats. L’efficacité de la politique d’emploi des jeunes est mise à mal par les faiblesses du cadre institutionnel. Les décès chez les jeunes sont principalement causés par les maladies transmissibles, en premier lieu les maladies infectieuses et parasitaires. Les blessures, notamment involontaires, sont une cause majeure de décès chez les jeunes hommes, quant aux jeunes femmes elles décèdent en nombre important en raison d’affections maternelles.
Malgré la volonté politique affichée, la Côte d’Ivoire a souffert de l’absence d’une stratégie globale adressant les multiples défis rencontrés par la jeunesse
Les grossesses précoces touchent de nombreuses adolescentes et se multiplient témoignant de l’ampleur et de la recrudescence du phénomène. […] Parmi les jeunes femmes en union, on compte de nombreuses victimes de violence domestique. Les taux de scolarisation dans le secondaire et le tertiaire sont en augmentation mais restent à des niveaux très bas, surtout pour les filles.
L’efficacité de la politique d’emploi des jeunes est mise à mal par les faiblesses du cadre institutionnel
Les performances académiques des élèves du primaire sont très faibles, en particulier chez les filles, dans les établissements publics et en milieu rural. D’après les données du PASEC de 2014 (PASEC, 2016), qui évaluent les performances scolaires des élèves de CP2 et CM2 en langue-lecture et en mathématiques, l’éducation primaire ne semble pas développer suffisamment les capacités cognitives des élèves. En effet, après deux ans de scolarité primaire, 82.7 % des élèves de CP2 ont un niveau de compétence insuffisant en langue, et 66.2 % un niveau de compétence insuffisant en mathématiques.
L’analphabétisme, qui est en légère hausse, touche un jeune sur deux et concerne avant tout les femmes.
Le fait d’être ni en emploi ni à l’école ou en formation est très répandue chez les jeunes, notamment chez les filles, et en augmentation. Les jeunes femmes ont moins de chances d’achever leur transition vers le marché du travail et d’accéder rapidement à l’emploi.
Les jeunes sont de plus en plus engagés civiquement, notamment les hommes et les citadins, mais dans une moindre mesure que les adultes. Les jeunes dans leur grande majorité et dans une plus large mesure que les adultes bénéficient du soutien de leurs proches, mais les plus pauvres et les moins éduqués sont plus isolés. Sur la base des enquêtes Gallup de 2009 et 2015, les individus sont considérés comme bénéficiant d’un soutien social si ils ont des membres de leur famille ou des amis sur lesquels ils peuvent compter en cas de besoin face à des difficultés.
La satisfaction au travail, mesurée à travers le pourcentage de travailleurs déclarant être très satisfaits avec leur occupation principale, est très faible parmi les jeunes entrepreneurs (15.9 %), et même inférieure à celle des jeunes salariés (19.6 %)
La confiance des jeunes envers les institutions, notamment le gouvernement, s’est fortement améliorée depuis la fin de la crise politico-militaire, mais la défiance reste élevée vis-à-vis de la transparence des élections. La Côte d’Ivoire vient de se doter pour la première fois de son histoire d’une Politique Nationale de la Jeunesse (PNJ) couvrant la période 2016-2020.
La Côte d’Ivoire a relativement peu investi jusqu’à présent sur la participation civique et citoyenne des jeunes et doit par conséquent multiplier ses efforts dans ce domaine. Les jeunes actifs sont pour la plupart insérés dans l’emploi mais restent touchés de façon disproportionnée par le chômage. Les jeunes travaillent essentiellement dans l’agriculture et sont peu insérés dans les secteurs porteurs de l’économie.
L’entrepreneuriat jeune paraît de faible qualité, motivé par un choix contraint, et confronté à des difficultés multiples. La satisfaction au travail, mesurée à travers le pourcentage de travailleurs déclarant être très satisfaits avec leur occupation principale, est très faible parmi les jeunes entrepreneurs (15.9 %), et même inférieure à celle des jeunes salariés (19.6 %). Les jeunes entrepreneurs sont moins satisfaits en milieu urbain (15.1 %) par rapport au milieu rural (18.1 %).
La primo-sexualité précoce est fréquente chez les adolescentes et augmente significativement le risque de grossesse. L’instabilité de la sexualité caractérisée par le multi-partenariat concerne un nombre très limité d’adolescentes et n’a pas d’incidence significative sur les grossesses précoces. Le concubinage et le mariage à un âge précoce favorisent grandement la survenue de grossesses à l’adolescence.
Les efforts doivent porter notamment sur la promotion de la scolarisation et de la fréquentation scolaire, au-delà de l’école primaire, des catégories défavorisés, en particulier les filles
Les adolescentes victimes de violence sexuelle de la part de leur conjoint courent un risque élevé de tomber enceinte précocement. La législation en vigueur en Côte d’Ivoire ne punit pas explicitement la violence conjugale qui est considérée dans les faits comme un problème qui doit se résoudre au sein du ménage (OCDE, 2014). Les femmes mêmes estiment dans une large proportion (48 % en 2012) que les agressions physiques perpétrées par leur partenaire à leur encontre sont justifiées pour une raison ou une autre.
L’adoption récente de la Politique Nationale de la Jeunesse (PNJ) 2016-2020 et la mise en œuvre à venir des Stratégies Nationales de Protection des Jeunes (SNPJ) et de Promotion et de Coordination des Initiatives en faveur des Jeunes (SNPCIFJ) constituent une avancée majeure et une opportunité sans précédent face au défi des grossesses précoces
L’accès et la qualité de l’éducation doivent être améliorés. Les efforts doivent porter notamment sur la promotion de la scolarisation et de la fréquentation scolaire, au-delà de l’école primaire, des catégories défavorisés, en particulier les filles, les jeunes en milieu rural, et les jeunes frappés par la pauvreté. Les filles notamment accusent un retard important dans l’ensemble du système éducatif […]. Par ailleurs, des programmes d’alphabétisation ainsi que d’autres programmes de la deuxième chance doivent être mis en place auprès des jeunes plus âgés pour qui le retour à l’école n’est plus envisageable.
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