Auteurs : Pétanhangui Arnaud Yéo, Kaphalo Ségorbah Silwé, et Joseph Koné
Site de publication : Afrobarometer
Type de publication: Rapport
Date de publication: Mars 2021
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Fort de ces enjeux, tout État du monde devrait avoir la sécurité au cœur de ses priorités. La Côte d’Ivoire n’est pas une exception. Au sortir de la crise post-électorale qu’elle a connue en 2010, ses institutions de sécurité nationale n’avaient plus les capacités structurelles et humaines nécessaires pour assurer non seulement la protection adéquate des citoyens, mais aussi la paix et la réconciliation nationale. C’est ainsi que le gouvernement va décider d’asseoir une réforme du secteur de la sécurité (RSS) en 2012 . Celle-ci a consisté à réorganiser les Forces de Défenses et de Sécurité (FDS), à les former, les équiper, et les déployer sur toute l’étendue du territoire.
▪ La majorité (55%) des citoyens n’ont « pas du tout » ou ont « juste un peu » confiance envers les Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
▪ La majorité (56%) des citoyens jugent mal la performance du gouvernement dans la réduction de la criminalité, une hausse de 14 points de pourcentage depuis 2014.
Un sentiment d’insécurité en progression
Les données traduisent dans un sens une détérioration du climat sécuritaire. La proportion de ceux qui disent s’être sentis en insécurité dans leur quartier « juste une ou deux fois », « quelques fois », « plusieurs fois », ou « toujours » au cours de l’année précédant l’enquête est en augmentation de 13 points de pourcentage entre 2014 (36%) et 2019 (49%).
Sur 18 pays africains enquêtés en 2019/2020,1 la Côte d’Ivoire (51%) est en dessous de la moyenne (53%) en termes de proportion de citoyens ne s’étant « jamais » sentis en insécurité dans leurs quartiers.
Un manque de confiance aux Forces de Défense et de Sécurité
La sécurité d’un pays est liée au professionnalisme des Forces de Défense et de Sécurité, qui ont pour missions la lutte contre la criminalité et la prévention et résolution des conflits violents. Ainsi, l’on s’attend à ce qu’elles soient bien perçues des citoyens et bénéficient d’un bon niveau de confiance. De 2013 à 2019 en Côte d’Ivoire, la tendance des citoyens qui expriment un manque de confiance envers les Forces Armées et la police/gendarmerie est supérieure à 50%, excepté en 2017. En 2019, 55% des citoyens ne leur font « pas du tout » ou « juste un peu » confiance.
Ce résultat requiert d’identifier objectivement les insuffisances attribuées aux Forces de Défense et de Sécurité, et de les adresser de manière adéquate, afin d’améliorer les perceptions que les citoyens ont de ces institutions. Une telle action suppose aussi un changement de paradigme pour renforcer les liens entre ces dernières et les citoyens.
Au rang des critiques qui sont régulièrement formulées à l’encontre des Forces de Défense et de Sécurité figure la corruption. Par exemple, 58% des Ivoiriens estiment que « la plupart » ou « tous » les policiers ou gendarmes sont impliqués dans des actes de corruption, un accroissement de 21 points de pourcentage depuis 2013.
Un fort ancrage des conflits violents en Côte d’Ivoire
Les conflits violents ont souvent des relents politiques, communautaires, ou idéologiques . Dans un contexte de forte déstabilisation du climat social, la Côte d’Ivoire se retrouve ainsi fortement exposée. À cet effet, les opinions des Ivoiriens sur l’ancrage des conflits violents ne laissent aucun doute.
La sécurité d’un pays est liée au professionnalisme des Forces de Défense et de Sécurité, qui ont pour missions la lutte contre la criminalité et la prévention et résolution des conflits violents. Ainsi, l’on s’attend à ce qu’elles soient bien perçues des citoyens et bénéficient d’un bon niveau de confiance. De 2013 à 2019 en Côte d’Ivoire, la tendance des citoyens qui expriment un manque de confiance envers les Forces Armées et la police/gendarmerie est supérieure à 50%, excepté en 2017. En 2019, 55% des citoyens ne leur font « pas du tout » ou « juste un peu » confiance
Au niveau politique, la méfiance et l’intolérance entre les partisans du pouvoir et des partis politiques d’opposition est telle qu’il est difficile de parler politique librement (Amnesty International, 2020). Le climat de tension perpétuellement entretenu justifie ce fait. En moyenne de 2013 à 2019, ce sont neuf Ivoiriens sur 10 qui estiment que les gens doivent « souvent » ou « toujours » faire attention à ce qu’ils disent en politique.
Dans la même veine, en moyenne huit Ivoiriens sur 10, de 2013 à 2019, estiment que la compétition entre les partis politiques mène « souvent » ou « toujours » aux conflits violents. Ces données confirment chez les citoyens une forte perception de la terreur et de la violence politiques.
Ces situations de violences orchestrées pendant les événements politiques ou civiques sont d’ailleurs, depuis de nombreuses années, dénoncées par plusieurs rapports qui partagent les responsabilités entre le pouvoir et les membres de l’opposition.
À l’heure où la Côte d’Ivoire est en quête de stabilité politique et économique, la sécurité demeure une question préoccupante. Comme en témoignent les données Afrobarometer, le sentiment d’insécurité au sein des communautés ne cesse de croître. Les résultats font ressortir, en effet, que de nombreux Ivoiriens continuent de ressentir au quotidien de grandes appréhensions par rapport aux fléaux de criminalité et de conflits violents existant dans leur pays.
Ces inquiétudes exprimées s’accompagnent également d’une forte insatisfaction par rapport aux performances du gouvernement pour les prévenir ou les résoudre. Au regard de l’environnement sociopolitique délétère en raison des violences et des sérieuses atteintes à la paix sociale, le gouvernement devrait poursuivre ses efforts pour permettre au pays d’atteindre un niveau de sécurité conforme aux standards internationaux.
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