Durée moyenne de fiscalisation des entreprises en Côte d’Ivoire, Revue Française d’Economie et de Gestion, 2021

Durée moyenne de fiscalisation des entreprises en Côte d’Ivoire, Revue Française d’Economie et de Gestion, 2021

Auteur : Nohoua TRAORE

Organisation affiliée : Revue Française d’Economie et de Gestion

Type de publication : Article

Date de publication : 2021

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Evolution de la durée moyenne de transition

Plus une entreprise dure dans l’informel, moins elle sera encline à transiter vers le secteur formel. Cela peut s’expliquer par le fait que, plus la durée est longue dans l’informel, plus les habitudes  et combines y sont enracinées, et plus la propension de vouloir changer de statut devient faible. On pourrait penser qu’une telle entreprise a eu le temps de développer des stratégies de contournement des agents du fisc ou autre contrôleur de l’administration publique.

Dès la création, les entreprises ont les mêmes risques de sortie de l’informel. Certes, cette probabilité  de  transition  diminue  avec  le  temps,  mais  est  plus  favorable  avant  le  8èmeanniversaire de l’entreprise. A partir de 10 ans, les chances de sortir de l’informel deviennent très maigres. Il ressort également que  la  probabilité que l’entreprise informelle transite vers le  formel  devient  incertaine  à  partir  de18ans.

Détermination de la durée moyenne de fiscalisation

Les  résultats  de  l’estimation  non-paramétrique montrent   que   la   durée   moyenne   dans l’informel est 6,69 ans. En effet, les entreprises se formalisent en moyenne à 6,69 ans.  La durée  médiane  est  3  ans.  Ce  qui  signifie  que  50%  des  entreprises  se  formaliseraient  avant  3 ans.  Ces  résultats  peuvent  être  plus affinés  en  procédant  par  désagrégation  de  la  population d’étude selon certaines caractéristiques. Dans cette optique, l’estimation de la durée moyenne est faite pour des sous-populations, suivant des caractéristiques observables.

Plus une entreprise dure dans l’informel, moins elle sera encline à transiter vers le secteur formel. Cela peut s’expliquer par le fait que, plus la durée est longue dans l’informel, plus les habitudes  et combines y sont enracinées, et plus la propension de vouloir changer de statut devient faible

S’intéressant au secteur d’activité la littérature indique que les activités les plus visibles sont plus  enclines  à  être  formalisées.  Cette  logique  est  confirmée  par  les  statistiques  descriptives, qui  montrent  que  les  activités  commerciales  et  les  services ont  les  plus  courtes  durées  de formalisation comparativement aux activités du secteur de l’industrie. En effet, les activités commerciales sont de nature à être exposées aux clients, donc à être plus visibles  (marché  ou  voie  publique),  tandis  que  les  activités  industrielles  ou  les  services peuvent  être  exercés  à  domicile  (couture,  menuiserie,  production  de  savon).  De  ce  fait,  on peut supposer que les activités commerciales plus visibles  ont davantage de chance d’être affiliées  aux  registres  administratifs  du  fait  des  contrôles  réguliers  auxquels  elles  sont assujetties.

Il ressort que les entreprises dirigées par les managers qui ont reçu cette formation connaissent une relative courte durée de formalisation. Car ce type de formation est susceptible de fournir des connaissances supplémentaires sur les avantages  et  les  inconvénients  de  déclarer  son  activité,  et  d’améliorer  le  niveau  de compréhension  de  la  législation.  De  ce  fait  une  réduction  de  la  durée    des  activités    dans l’informel peut être attendue sous l’effet de la formation technique. L’analyse  de  la  durée  de  transition  selon  le  statut  migratoire  montre  que  les  entreprises  informelles des  migrants durent plus dans l’informel comparativement à celles des ivoiriens. Car les procédures de création d’une entreprise par un étranger sont plus complexes. En fait, il est  exigé  des  non  nationaux,  une  carte  consulaire  dont  l’acquisition,  qui  a  elle-même  ses exigences en termes de procédures, de documents à fournir et de coût.

les  activités  commerciales  et  les  services ont  les  plus  courtes  durées  de formalisation comparativement aux activités du secteur de l’industrie. En effet, les activités commerciales sont de nature à être exposées aux clients, donc à être plus visibles  (marché  ou  voie  publique),  tandis  que  les  activités  industrielles  ou  les  services peuvent  être  exercés  à  domicile  (couture,  menuiserie,  production  de  savon)

Il  ressort  des  analyses  descriptives  montrent  que  les  entreprises  affiliées  à  une  association professionnelles  mettent  4,36  ans  pour  se  formaliser  contre  6,32  ans  pour  celles  sans affiliation  à  une  professionnelle.  Cela  est  compréhensible  dans  la  mesure  où  cette  affiliation est  perçue  comme  un  capital  social  dont  les  effets  bénéfiques  réduisent  la  durée  dans l’informel.

L’utilisation des TIC quant à elle, facilite  aux entrepreneurs les opérations d’affaires. Dans la mesure où cet usage peut réduire les coûts de transaction et d’étendre les marchés, il capable de  générer  plus  de  profit  et  de  conduire  les  entreprises  vers  la  formalisation.  Sur  la  base  de l’échantillon d’étude, les entreprises qui utilisent les TICs pour des opérations d’affaires se formalisent seulement en 2,42 ans contre 6,63 ans pour celles qui n’utilisent pas les TICs dans le cadre de leur travail.

Facteurs explicatifs de la durée de transition

Les résultats de l’analyse économétrique montrent que la  durée  moyenne  de  fiscalisation est de 7,36 ans. Par ailleurs, le fait détenir une comptabilité s’est avéré un levier important dans la réduction du temps passé dans l’informel. Ce résultat conforte la stratégie des pouvoirs publics dans la mise place des Centres de Gestion Agréés (CGA), dont la principale mission est la formation et l’encadrement des opérateurs de l’informel dans la tenue de comptabilité simplifiée à un premier niveau, puis la comptabilité formelle et à terme la formalisation.

Le renforcement décès CGA est donc nécessaire pour booster la formalisation des activités informelles. L’autre bénéfice de cette mesure c’est qu’elle inculquera aux travailleurs du secteur informel de meilleures aptitudes de gestion leur permettant de distinguer les ressources de l’unité de production du budget du ménage. Mieux, ils sauront dorénavant constituer une épargne en vue de la réinvestir. Par contre, l’ancienneté des entreprises agit en faveur d’une longue durée de transition. Ce résultat est conforme aux statistiques descriptives qui montrent que la probabilité de sortir de l’informel diminue avec l’âge de l’entreprise. Car plus  les  entreprises  durent  dans  l’informel  plus  elles  s’enracinent  et  développement  des moyens de contournement de l’administration publique.

Par  ailleurs, les entreprises qui ont un problème d’accès aux infrastructures de base ont une durée plus longue de formalisation par rapport à celles qui n’ont pas ce problème. Parce que ces  infrastructures  sont  un  facteur  de  production  de  moins  pour  elles. Ce pourrait  avoir  pour conséquence  de  faibles  niveaux  de  productivité,  empêchant  le  paiement  des  coûts  de  la légalité.    Ces  infrastructures  représentent  en  outre,  la  contrepartie  attendue  de  l’Etat  du paiement  de  l’impôt.  Si  l’Etat  ne  remplit  pas  sa  part  de  contrat,  cela  n’inciterait  pas les entreprises à avoir une immatriculation fiscale.

Le secteur informel est  généralement exclu des programmes de sécurité sociale qui couvrent généralement  le  secteur  formel.  Pourtant,  les  entreprises  informelles  qui  souscrivent  à  des programmes  de  sécurité  sociale  passent  moins  de  temps  dans  l’informel  que  les  autres. L’analyse indique un effet réducteur de la sécurité sociale sur la durée de formalisation. De ce fait, l’extension de la protection sociale au secteur informel  serait un facteur capital dans leur transition vers le secteur formel. Toutefois, le fait pour les entreprises d’avoir d’importants effectifs de travailleurs permanents à la création, les confine longtemps dans l’informel.  Car  le  poids des  coûts  de  la  légalité, notamment   les   coûts   des   cotisations   sociales   inhérents   aux   travailleurs   amènent   les entrepreneurs à dissimuler une partie de la main d’œuvre. En fait, les entrepreneurs préfèrent créer d’autres  activités informelles que de supporter les coûts de la légalité.

L’analyse  de  la  durée  de  fiscalisation,  montre  que, le  fait  que  l’entreprise  informelle  soit dirigée par un étranger, augmente la durée de formalisation.  Cela pourrait s’expliquer par le fait que ces migrants sont souvent plus portés vers des investissements dans le pays d’origine qu’à s’inscrire dans la légalité qui implique des coûts.  Aussi, les procédures de création d’une entreprise par un étranger sont plus complexes.

En  fait,  il  est  exigé  des  étrangers,  une  carte  consulaire dont l’acquisition a des exigences en termes de procédures, de documents à fournir et de coût. Toutes ces exigences contribuent à la faible propension de déclaration des entreprises. Cela est compréhensible dans le contexte de la Côte d’Ivoire où les migrants du sud sont prédominants dans le secteur informel. En réalité ce sont les migrants africains qui s’installent dans le secteur informel or pour ces derniers, le plus important c’est d’exercer une activité rémunératrice de revenu. Ils n’intègrent pas généralement dans leur projet migratoire un plan d’affaires élaboré.

 

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