Auteurs : Joseph Koné, Kaphalo Ségorbah Silwé et Pétanhangui Arnaud Yéo
Organisation affiliée : Afrobarometer
Type de publication : Rapport
Date de publication : Octobre 2021
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Introduction
L’accès de tous à une éducation de qualité figure dans l’agenda des Objectifs de Développement Durable (UNESCO, 2018). Il représente un engagement à atteindre à l’horizon 2030 pour l’ensemble des pays du monde, notamment ceux en voie de développement. En Côte d’Ivoire, des efforts sont engagés dans ce sens. Depuis cette dernière décennie, l’éducation fait partie des secteurs qui bénéficient d’un important intérêt. Selon les estimations, le gouvernement lui consacrait en dépenses environ 6% du produit intérieur brut en 2019 (Kandia, 2019) contre 5% en 2015, une proportion qui est nettement supérieure à la moyenne africaine (Banque Mondiale, 2017).
Cependant, même si ces efforts produisent des effets positifs pour les gouvernants (Kandia, 2019), certains indicateurs de performance sont encore moins réjouissants (Smeyers, 2019). Pour preuve, Le Programme des Nations Unies pour le Développement (2020) indique que la durée moyenne de scolarisation d’un Ivoirien âgé de 25 ans et plus n’est encore que de 5,3 ans. Il ressort par ailleurs que le taux d’alphabétisation en Côte d’Ivoire reste bas, à 43,9%, contre 59,9% en Afrique subsaharienne et 77% au Ghana voisin (Florence, 2020).
Sur la base des enquêtes Afrobarometer, les performances enregistrées dans le secteur de l’éducation en Côte d’Ivoire ne sont pas encore à la hauteur des espérances. En effet, l’on note que le niveau d’instruction des citoyens adultes reste encore majoritairement peu élevé. À cela s’ajoute le peu de satisfaction relative à la réponse du gouvernement pour l’amélioration des services de l’éducation.
Disponibilité des écoles et accessibilité des Ivoiriens à l’éducation
Un système éducatif accessible est un système qui offre aux citoyens la possibilité de se former. Cela peut directement s’observer à travers la disponibilité des infrastructures éducatives qui jouent sur l’amélioration du niveau d’instruction. À ce niveau particulier, les résultats montrent qu’en 2019, la très grande partie d’Ivoiriens (87%) jouissent de la présence dans leur zone ou à distance de marche d’une école publique ou privée.
Un fait singulier est la présence dans le bas du classement des districts de la Vallée du Bandama (67%) et d’Abidjan (78%), qui sont assez peuplés. Cela suscite une interrogation concernant l’orientation des politiques nationales de couverture scolaire.
La très grande partie d’Ivoiriens (87%) jouissent de la présence dans leur zone ou à distance de marche d’une école publique ou privée
Les données de 34 pays africains enquêtés en 2019/2021 en matière de disponibilité d’écoles permettent de classer la Côte d’Ivoire au-dessus de la moyenne (84%) mais bien derrière le Maroc (97%), le Cameroun (97%) le Kenya (95%), le Ghana (94%) et l’Ouganda (94%).
Possession d’équipements multimédias
Dans un contexte de crise marquée par la COVID-19, les programmes scolaires ivoiriens ont été fortement impactés. Afin de limiter l’expansion de cette pandémie dans le pays, le gouvernement en mai 2020 a instauré l’application obligatoire de mesures barrières dont la fermeture des écoles. Pendant cette période, pour pérenniser les acquis des élèves et de l’année scolaire entamée, des programmes pédagogiques et d’enseignement à distance ont été lancés à travers des moyens comme la radio, la télé et les médias sociaux ou autres plateformes Internet.
Ces tendances indiquent que les canaux multimédias peuvent être considérés comme un atout notoire pour l’instauration d’un système d’enseignement à distance reposant sur leur utilisation.
Les statistiques cumulés de « possession personnelle » et de « possession par quelqu’un du ménage » de ces équipements médias montrent que les étudiants et élèves adultes sont plus équipés et connectés que l’Ivoirien moyen.
Appréciation quantitative : Etat du niveau d’instruction
Depuis une décennie, le gouvernement a élaboré de nombreuses réformes dans le but d’améliorer la scolarisation des Ivoiriens (Kandia, 2019). À la lumière des données Afrobarometer, le niveau d’instruction des citoyens adultes en 2019 est de huit Ivoiriens sur 10 (82%). Les individus de niveau secondaire (38%) et primaire (27%) dominent. La proportion d’Ivoiriens présentant un niveau d’étude post-secondaire (17%) est supérieure, de 6 points, à celle mesurée en 2013 (11%). Ceci témoigne sur un plan purement quantitatif d’une augmentation de la classe généralement considérée comme la plus intellectuelle.
Ces tendances indiquent que les canaux multimédias peuvent être considérés comme un atout notoire pour l’instauration d’un système d’enseignement à distance reposant sur leur utilisation
Considérant le niveau d’instruction dans les 34 pays africains sur-mentionnés, la Côte d’Ivoire se place 18ème, bien derrière le Gabon (2,22), l’Afrique du Sud (2.07), le Cameroun (2.01) et le Soudan (2.00) mais bien devant le Niger (0.49), le Burkina Faso (0.72), le Mali (0,80), l’Ethiopie (0.84) et la Guinée (0.97) (Figure 12). Ces données montrent ainsi qu’il y’a des efforts à consentir et des défis à relever pour améliorer le niveau d’instruction des Ivoiriens.
Appréciation qualitative : Satisfaction des besoin en éducation
Au cours de cette dernière décennie, le gouvernement de la Côte d’Ivoire estime avoir contribué à l’amélioration qualitative du système éducatif ivoirien (Kandia, 2019). Cette assurance donnée qui part de ses efforts d’investissement dans ce secteur n’est cependant pas perçue par la majorité des citoyens.
En effet, la proportion d’Ivoiriens qui perçoivent favorablement la performance du gouvernement dans la satisfaction des besoins en éducation est en chute libre entre 2017 (64%) et 2019 (49%), soit 15 points de pourcentage en moins.
Les ruraux (46%), les jeunes (47%) et les pauvres (37%) sont les moins satisfaits de la réponse du gouvernement aux besoins en éducation.
La proportion d’Ivoiriens qui perçoivent favorablement la performance du gouvernement dans la satisfaction des besoins en éducation est en chute libre entre 2017 (64%) et 2019 (49%), soit 15 points de pourcentage en moins
En termes de satisfaction de la performance en éducation, la Côte d’Ivoire est classée à la 15ème place sur 34 pays. Le Mali (13% « plutôt bien » ou « très bien »), le Soudan (14%), le Gabon (18%) et le Lesotho (20%) sont les pays qui présentent les pires appréciations de l’action gouvernementale en matière d’éducation.
Facteurs de la perception de l’action gouvernementale en matière d’éducation
Considérant les résultats attendus en fonction de chaque variable, nous pensons que l’appréciation de la performance du gouvernement dans la satisfaction des besoins en éducation sera bonne quand la disponibilité des écoles à proximité de la population est élevée et l’accès aux services des écoles publiques est jugé satisfaisant. Idéalement, l’appréciation positive ne devrait pas être fonction du milieu de résidence, du niveau de pauvreté vécue et du sexe, même si on peut considérer que les plus instruits et les plus âgés seront plus à même de percevoir la justesse des choix opérés par le gouvernement dans le système éducatif.
L’on retient également que les citadins et les Ivoiriens aisés sont 1,659 fois et 1,572 fois plus susceptibles, respectivement, d’apprécier la performance du gouvernement
Tout en contrôlant les autres variables, et contre toute attente, les citoyens qui vivent à proximité d’écoles publiques ou privées sont 2,216 fois moins susceptibles d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation. L’on peut émettre comme hypothèse que plus les citoyens font l’expérience ou ont affaire avec des écoles moins ils sont satisfaits. Dans le même ordre d’idée, les citoyens les plus instruits sont 1,355 fois moins susceptibles d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation.
Mais comme on pouvait s’y attendre, les Ivoiriens qui ont une facilité à obtenir les services nécessaires auprès des enseignants ou des dirigeants d’école publique sont 1,719 fois plus susceptibles d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation. L’on retient également que les citadins et les Ivoiriens aisés sont 1,659 fois et 1,572 fois plus susceptibles, respectivement, d’apprécier la performance du gouvernement.
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